Séminaire en ligne du 2 avril, 18h00, avec Maurice Lévy, le Professeur Michel Goldberg et le Professeur Avraham Lévy
NOTE: Nous vous prions de bien vouloir nous excuser des regrettables dysfonctionnements techniques qui ont perturbé le début de notre premier séminaire en ligne jeudi 2 avril dernier de 18h00 à 19h00. Nous veillerons à ce que la prochaine édition, prévue au lendemain des vacances de Printemps, ne rencontre aucune difficulté technique.
Les questions des participants envoyées avant le séminaire, ainsi que les questions posées en direct aux Professeurs Michel Goldberg et Avraham Lévy sont traitées ci-après.
Nous remercions le Professeur Goldberg, Président du Conseil scientifique de Weizmann France, d’avoir bien voulu préparer des réponses écrites précises et détaillées aux nombreuses questions posées.
Question de Orion Karl Daley :
Can a version of the virus be redesigned to turn on itself and any other virus particles in its local area within humans/animal tissues?
Réponse de MG :
I never heard of such a strategy. But I am not an expert in the field and shall certainly think about it to see if it could be envisaged.
Questions Dr Daniel Bensoussan :
Réponses de MG :
Question de Rubin Soudry :
On parle beaucoup de gens potentiellement recontaminés (taux de 14% parfois retrouvé) Est on sur que l’on acquiert une immunité vis à vis de ce virus ? Merci
Réponse de MG :
Je ne sais pas ce que vous entendez exactement par « recontamination ». Si vous pensez à des « rechutes », le taux que vous mentionnez me semble bien élevé par rapport aux informations très préliminaires (cf. ci-dessus) dont on dispose. Il semble clair à l’heure actuelle qu’on acquiert une immunité lors d’une infection, mais il n’est pas encore possible de connaître la durée de cette immunité.
Question Dr Linda Benattar :
On parle de rechutes Covid déjà observées en Chine
Est ce réel ? Et si oui quel pourcentage ?
S’agit il de rechute avec contagiosité virale avec réactivation du virus présent dans l’organisme ? Ou d’une exacerbation immunologique en réponse à une nouvelle agression virale ?
Réponse de MG :
Voir ci-dessus. Comme déjà indiqué, les informations recueillies à ce sujet sont rares et mal documentées. Impossible donc, à l’heure actuelle, de répondre avec précision à vos questions. Une chose, cependant : à l’heure actuelle, il n’y a que très peu de cas de rechute rapportés.
Question de Jean-Pierre Baut :
Circulent sur les réseaux sociaux des vidéos de « pseudo-scientifiques » dont on ne peut mesurer la qualité « scientifique » des propos.
Ce Professeur Suisse par exemple, qui explique que le coronavirus à « 3 portes d’entrées » dans l’organisme, qu’il nomme avec des termes Scientifiques (des chiffres et des lettres).
Si l’on est contaminé par une porte d’entrée, apparemment la plus courante, il ne faut pas se croire immunisé pour la suite, dit-il.
En effet, il peut y avoir une nouvelle contamination par la « 2éme porte d’entrée », et là, c’est plus grave, avec une pénétration du virus dans l’intestin, etc. (pour la 3èmeporte).
Est-ce que ce schéma a une valeur scientifique ?
Réponse de MG :
Cette hypothèse semble très peu vraisemblable : les « portes d’entrée » (voies respiratoires, intestin, rate, …) sont effectivement différentes, mais les serrures s’ouvrent avec la même clé (le récepteur cellulaire du virus, qui est le récepteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine 2, ou ACE-2), et les cellules et anticorps impliqués dans la réponse immunitaire circulent partout dans l’organisme.
Question de Jacques Boutillier :
Le REMDESIVIR semblait être un médicament prometteur. Qu’en est-il?
Réponse de MG :
Ce candidat médicament est en effet très prometteur et j’en ai parlé lors du webminaire. Il est en essais cliniques aux Etats-Unis, à l’échelle européenne, et en France et on devrait dans peu de temps en avoir le cœur net.
Question de Jacques Boutillier :
Faut-il craindre d’autres épidémies dues à des virus venant d’animaux. Les travaux en cours permettront-ils d’y faire face plus rapidement?
Réponse de MG :
L’expérience passée, en particulier avec les coronavirus, ne laisse pas de doute là-dessus. Le SIDA, le SRAS de 2003, le MERS de 2012, le COVID-19 sont des avertissements. On ne peut prédire quand sera la prochaine épidémie, mais il ne fait aucun doute à mes yeux qu’il y en aura d’autres.
Et sans aucun doute, nous y ferons face plus rapidement. Comme vous l’avez peut-être noté lors de la présentation d’Avi Lévy, plusieurs des programmes lancés à l’Institut Weizmann utilisent des approches expérimentales et conceptuelles développées sur d’autres virus. Sur le virus de l’EBOLA par exemple pour le programme du Dr Ron Diskin. Il en est de même un peu partout dans le monde et à l’Institut Pasteur, par exemple, où Chacune des deux approches en cours pour le développement d’un vaccin reposent sur une méthodologie mise au point à l’occasion des épidémies précédentes. Si un test de dépistage du SRS-CoV-2 a pu être prêt à l’emploi quelques jours à peine après l’apparition des premiers cas en France, c’est bien grâce à l’expérience acquise précédemment. Il ne fait aucun doute que chaque problème nouveau apporte des réponses qui serviront dans l’avenir.
On peut espérer que les pouvoirs publics sauront prendre les mesures pour que de futures épidémies ne nous prennent pas au dépourvu (c’est le cas de le dire) comme cette fois-ci, et que le public sera mieux préparé à accepter les mesures d’hygiène élémentaire et de « distanciation sociale » si nouvelles pour nous au cours de l’épidémie actuelle.
Question d’Isabelle Ghestem :
Quand un vaccin sera mis au point et testé dans 9 mois à un an quelle population faudra-t-il vacciner ? sera-t-il efficace contre d’autres virus ?
Réponse de MG :
Comme pour la grippe, en tout premier lieu les personnes qui risquent le plus une évolution grave de la maladie, les personnes âgées, les personnes souffrant d’affections respiratoires, les cardiaques, les asthmatiques … Et compte tenu de la longueur et de la pénibilité de la maladie, quand elle évolue vers les formes graves mais non mortelles, même sur des personnes jeunes et en bonne santé, il est probable que la vaccination sera demandée par une fraction importante de la population. Mais il faut bien réaliser que tout cela dépendra de la manière dont la pandémie va évoluer. Sera-t-elle saisonnière ? Disparaîtra-t-elle entièrement (ce dont je doute, mais qui sait) ? Verra-t-on des épidémies localisées et sporadiques ? La politique vaccinale dépendra évidemment de la réponse à ces questions.
Les vaccins sont en général très spécifiques. Il est peu probable qu’un vaccin mis au point contre le SARS-CoV-2 puisse protéger contre une autre pandémie d’une violence comparable à celle du COVID-19. En effet, pour qu’un « nouveau » virus puisse se propager aussi vite et efficacement que l’a fait le SARS-CoV-2, il faut qu’il trouve une population « naïve » sur le plan immunologique, c’est à dire une population qui précisément n’a pas d’anticorps protecteurs. Par contre, il n’est pas du tout impossible qu’un autre coronavirus, génétiquement très proche du SARS-CoV-2, puisse donner lieu à de « petites » épidémies n’affectant pas les personnes vaccinées contre le virus actuel, ou immunisées suite à une infection dont ils ont guéri. Reste une grande inconnue : la durée de la protection par un vaccin.
Question d’Isabelle Ghestem :
La CHLOROQUINE est-elle prescrite en Israël ? Dans quelles conditions?
Réponse de MG :
Je sais par oui dire que, au moins dans certains cas, oui, l’hydroxychloroquine (une molécule dérivée de la chloroquine plus facilement tolérée par l’organisme, qui est celle préconisée par le Prof Raoult) est utilisée. Mais je ne sais pas dans quelles conditions.
Question de Jacques Boutillier :
Un institut en Israel (Technion, BGU, Université Hébraïque de Jérusalem ?) clamait de pouvoir tester 64 échantillons simultanément et ainsi augmenter le nombre de tests. Qu’en est-il
Réponse de MG :
En effet, le Technion, en association avec l’Université Bar Ilan de Ramat Gan, a développé une méthode permettant d’augmenter considérablement le nombre d’échantillons que l’on peut tester. Le principe est le suivant : le prélèvement effectué sur chaque patient est divisé en deux parties. Les « demi prélèvements » de 64 personnes à tester sont mélangés. Le mélange est testé grâce à une méthode ultra-sensible de détection de l’ARN du virus. Si le test global est négatif, aucune des 64 personnes testées n’est infectée. Si le test est positif, les 64 « demi-prélèvements » restant sont testés. Ainsi, si aucune des 64 personnes n’était positive, on aura fait 1 test au lieu de 64 pour le savoir. Si au moins une des personnes l’était on aura fait 65 tests au lieu de 64. Donc une économie de 63 tests en l’absence de personne infectée, contre un test seulement en plus en cas de positivité. Pour un dépistage systématique au sein d’une population, où la fraction de personnes infectées est heureusement encore relativement faible, une énorme économie d’argent, de travail pour les laboratoires de dépistage, de réactifs pour les tests (qui commencent à manquer dans certains pays dont Israël), et de temps pour des dépistages en masse.
Précision de Mme Annemarie Van Praag
L’info sur la récupération des masques grâce aux UV provient de la Johns Hopkins University. Meilleures salutations
Questions de M. Nicolas Weiss :
Merci et Bravo de votre initiative de conférence call.
Voici mes questions, difficiles :
Quelles sont selon vous les 6 probabilités d’occurrence des 6 événements suivants, à l horizon septembre:
1- Probabilité de remède identifié (pas forcément de disponibilité, juste identification)
2- Probabilité de vaccin identifié (idem, pas forcément de disponibilité)
3- Probabilité de rebond de l épidémie en sortie de confinement (deuxième vague)
4- Probabilité de non-immunogénèse
5- Probabilité de tests très largement diffusés
6- Probabilité de « dé-confinement différencié »
Réponses de MG :
1- La probabilité d’avoir UN remède efficace en septembre est grande. Parmi les molécules actuellement en essais cliniques mentionnées au cours du séminaire en ligne, il est très probable que l’une au moins se montrera efficace contre la multiplication du virus. Je n’en ai pas parlé au cours du webinaire car trop peu de données sont disponibles à ce jour, mais plusieurs molécules, sont déjà utilisées pour traiter l’ « orage cytokinique » (l’affolement du système immunitaire dont j’ai parlé) dans d’autres pathologies. Certaines ont été utilisées en Chine, toujours dans des conditions de médecine de guerre, pour traiter des patients en phase critique et semblent avoir été efficaces. Des essais cliniques sont en cours, en particulier sur un anticorps monoclonal dirigé contre l’interleukine IL6. Là encore, on peut espérer l’identification d’UN médicament contre l’orage cytokinique à l’horizon septembre 2020. Mais la mise au point d’un TRAITEMENT sur la base de ces médicaments demandera sans doute plus de temps car il faudra trouver, selon la phase de la maladie où le patient est diagnostiqué, le juste mélange pour assurer à la fois la destruction du virus par un antiviral, l’arrêt de l’emballement inflammatoire et la protection contre une infection bactérienne lors du blocage de la réaction immunitaire.
2- Compte-tenu du grand nombre de laboratoire très expérimentés qui y travaillent et du nombre de candidats vaccins déjà en cours de phase initiale d’essais cliniques, il est assez probable qu’au moins un candidat vaccin puisse être identifié d’ici septembre.
3- Rebonds épidémiques probables en effet. Mais sur le plan médical et organisationnel, les états seront vraisemblablement mieux organisés pour en limiter grandement les effets.
4- Il me semble peu probable que le SARS-CoV-2 ne soit pas immunogène. D’une part, parce que les coronavirus qui l’ont précédé, avec lesquels il partage bien des propriétés, le sont. D’autre part, autant de personnes infectées pourraient être asymptomatiques, et comment autant de personnes symptomatiques pourraient guérir spontanément, ce qui suggère une réaction immunitaire spécifique. Mais savoir si la réponse immunitaire sera principalement cellulaire ou humorale est une autre question. Enfin, il doit bien y avoir des anticorps spécifiques du SARS-CoV-2 dans le sérum des malades, puisque ce sont de tels anticorps qui sont détectés par les tests sérologiques mis au point par différents laboratoires. Si, parmi ces anticorps, il en existe qui soient protecteurs, nous le saurons à l’issue des essais en cours de traitement par le sérum de patients guéris.
5- C’est tellement une nécessité que cela me semble très probable, et tout doit être fait pour que ces tests soient disponibles le plus largement et le plus rapidement possible.
6-200 % !!!! Mais à quel rythme ? Cela dépendra de l’évolution de l’épidémie dans chaque pays.
Question de Nadège :
Quel est le rationnel d’utiliser un antibiotique
Réponse de MG :
Le Prof Raoult indique que, comme la chloroquine qui est un antipaludéen, l’antibiotique qu’il administre a un effet antiviral non spécifique sans que l’on sache pourquoi. La principale raison de l’utilisation d’un antibiotique en plus d’un antiviral est de protéger l’organisme des patients contre une surinfection des voies respiratoires déjà très fragilisées.
Question de Stéphane Sebaoun :
Physiopathologie de la réaction des cytokines et sur les liaisons nerveuses et/ou la perte de goût et de l’odorat et les interleukines
Réponse de MG :
La réponse immunitaire en général, et l’inflammation qui en fait partie, font intervenir un grand nombre de types cellulaires différents. On assiste à l’apparition de lymphocytes B producteurs d’anticorps, de lymphocytes T « tueurs », de neutrophiles, … tout cela à partir de cellules « précurseurs » plus ou moins différenciées. La différenciation des cellules impliquées dans cette réponse, la multiplication en grand nombre de celles qui sont spécifiques du microbe à combattre, sont finement déclenchées et régulées par des signaux qui permettent à toutes les différentes cellules de communiquer entre elles. Ces signaux sont des protéines, appelées « interleukines », émises par certaines cellules et perçus spécifiquement par d’autres par l’intermédiaire de récepteurs présents à leur surface. Telle interleukine émise par un type cellulaire peut stimuler, ou calmer, tel autre type cellulaire, qui à son tour peut émettre une autre interleukine et ainsi interagir avec un autre type cellulaire. C’est un véritable réseau complexe d’interactions médiées par les interleukines qui régule la réponse immunitaire. Lors de perturbations importantes de l’organisme (interventions chirurgicales lourdes, traitement d’immunomodulation, chimiothérapies), il arrive que ce réseau d’interactions soit perturbé et que se déclenche ce qu’il est convenu d’appeler un « orage cytokinique », c’est à dire une production surabondante et déséquilibrée de certaines des cytokines. Ceci provoque la stimulation non spécifique de cellules T tueuses et de neutrophiles qui s’attaquent aveuglément aux tissus de l’organisme. C’est ce qui se passe lorsque l’infection virale par le SARS-CoV-2 dure trop longtemps et que le système immunitaire, en amplifiant exagérément sa réponse, s’emballe et dérape.
Des essais très préliminaires mais encourageants suggèrent qu’un anticorps monoclonal thérapeutique dirigé contre l’interleukine 6 (IL6) soit capable de contrôler l’orage cytokinique lors de la phase aigüe de la COVID-19.
Question de Gregd :
En Italie il semble que le Tocilizumab soit utilisé empiriquement pendant la phase 2 « tempête de cytokines » mais ce médicament qui serait plus adapté aux cas très graves ne fait pas partie de l’étude Discovery (?)
Réponse de MG :
Le Tocilizumab est précisément l’anticorps monoclonal auquel je fais allusion dans ma réponse à la question précédente. Il n’est en effet pas inclus dans Discovery où seuls des antiviraux sont étudiés.
Questions de Harry Sitbon :
1- quel est le rationnel scientifique d’un antibiotique sur un virus
2- Que penser du rôle du tabac? La série US sur 7262 patients Covid ne retrouve que 93 fumeurs ,soit 1,3%. Facteur protecteur?
Réponse de MG :
1- voir ci-dessus
2- Encore faudrait-il connaître la proportion de fumeurs dans la classe de population (contaminés ou non) sur laquelle cette étude a été réalisée. Mais l’hypothèse d’une protection par le tabagisme n’est pas exclue, surtout lorsque l’on a déjà regardé une radiographie des poumons d’un fumeur : le goudron qui y est déposé pourrait bien inhiber la fixation du virus….
Question de Brigitte-Fanny Cohen :
Est-ce-que les nouveaux cas en Chine et au Japon sont forcément dus à une mutation du virus ?
Réponse de MG :
« Forcément », certainement pas. D’une part parce que le SARS-CoV-2 mute relativement peu, et que les quelques cas rapportés sont intervenus tôt dans la pandémie, ce qui rend faible la probabilité de mutations d’échappement à l’immunité acquise lors de la maladie. Et d’autre part parce que, compte tenu du peu d’informations relatives à ces quelques rares cas, on peut imaginer d’autres causes à ces « rechutes ». Mais en l’absence (à ma connaissance) de séquençage du génome du virus impliqué dans ces rechutes, on ne peut exclure formellement qu’une mutation en soit responsable.
Question de Jacques Biot :
Commence-t-on à avoir une idée de la raison pour lesquelles les raisons à l’infection varient énormément entre des formes quasi asymptotiques et des réactions foudroyantes (réponse : facteurs génétiques pas connus pour l’instant, information sur les familles où plusieurs personnes sont atteintes nécessaires pour les épidémiologistes).
Réponse de MG :
Pas à ma connaissance, et ce sera difficile à établir car bien d’autres paramètres que la génétique peuvent intervenir et devront être pris en compte dans toute étude de cette question.
Complément de réponse fait donné en cours de webinaire par Jacqui Beckmann : Il y a surement des facteurs génétiques de l’hôte et ceux là ne sont pas connus pour l’instant. Il serait utile que les épidémiologistes recueillent des informations sur les familles des personnes atteintes, au cas où il y aurait plusieurs atteints par famille.
Question de Jaski Beckmann :
Différence entre le pourcentage de décès en France et en Allemagne parmi les personnes détectées (note JB : ne faudrait-il pas plutôt s’intéresser au nombre total de décès par million de personnes ?)
Réponse de MG :
À ce jour (6 avril) on compte officiellement 1,6% de décès par rapport aux cas diagnostiqués en Allemagne, et 8,7% en France. Une forte différence en effet. La différence est flagrante aussi si l’on compte le nombre de décès par million d’habitants : 19 en Allemagne contre 124 en France ! Le rapport France/Allemagne n’est pas très différent pour ces deux évaluations : 5,4 pour le pourcentage de décès par rapport aux positifs détectés, 6,5 pour le nombre de décès par million d’habitants. Les raisons de cette forte différence entre la France et l’Allemagne devra être analysée en détails. De nombreux facteurs peuvent intervenir : le nombre de tests pratiqués, la précocité de la détection et de la prise en charge hospitalière des cas, la disponibilité des équipements de prévention et de traitement, le respect par les populations des consignes de distanciation sociale, et, peut être, la manière dont les décès sont ou non attribués à la COVID-19.
Une intéressante analyse de cette question peut être trouvée en cliquant sur le lien suivant :
Question du Dr Réginald Allouche :
Que devient le virus après l’infection? Reste-t-il dans des paires rachidiennes comme d’autres virus du même type?
Réponse de MG :
Le Prof Avi Lévy a répondu à cette question lors du webminaire, et pas plus qu’alors je n’ai d’éléments pour vous éclairer.
Question du Dr Reginald Allouche :
Le fait d’avoir été infecté garantit-il une immunité durable d’au moins 6 mois ?
Réponse de MG :
Comment le savoir alors que le premier cas n’a été observé qu’il y a quatre mois …
Question de Brigitte-Fanny Cohen :
Est-ce-que les personnes contaminées resteront immunisées même si le virus mute ? Peuvent-elles retomber malades ?
Réponse de MG :
La réponse de principe est qu’il est probable qu’un jour une mutation du virus lui permette d’échapper à l’immunité développée par les personnes contaminées auparavant. Et par conséquent qu’une personne déjà contaminée et guérie puisse retomber malade. C’est le cas, vous le savez, avec la grippe. Mais une relativement bonne nouvelle est que le taux de mutation du SARS-CoV-2, bien que pas encore connu avec précision, semble être relativement faible ; significativement plus faible par exemple que celui de la grippe. Et rassurez-vous, seule une toute petite fraction des mutations subies par un virus sont capables de lui permettre d’échapper à l’immunité.
Question de Serge Klugman :
Peut-on nous expliquer le système de tracking en Israël et quels systèmes de tests sont à l’étude
Réponse de MG :
Je ne connais du système de tracking mis en place en Israël dès le début de l’épidémie locale que ce qui en est écrit dans la presse. À savoir que ce sont les services de sécurité (Shin Beth) qui l’ont mis en œuvre en utilisant entre autres le traçage des téléphones portables et les caméras de vidéo-surveillance normalement utilisées pour la lutte anti-terroriste. Au début de l’épidémie, la présence dans des lieux publics (boutiques, restaurant, salle de spectacle, transport en commun …) de chaque personne dépistée comme positive était diffusée dans les médias. Il était demandé aux personnes ayant été dans ces lieux aux mêmes heures de s’ « auto-confiner ». Devant l’accélération de l’épidémie (8.450 cas diagnostiqués à ce jour) cette diffusion d’information n’est plus possible et a été abandonnée.
Quant aux tests qui sont à l’étude, en Israël comme ailleurs, il s’agit d’augmenter la capacité à tester en accélérant, facilitant et améliorant les tests virologiques de diagnostic par PCR, de développer des tests virologiques « de terrain » permettant le diagnostic virologique rapide et sans équipement lourd, enfin de développer et produire à grande échelle des tests sérologiques simples (très largement de nature immuno-enzymatique) permettant de tester l’exposition au virus.
Question de Ghislaine Guerry :
À quand la sérologie ?
Réponse de MG :
Très très bientôt. Il existe déjà de nombreux tests, développés par de nombreux laboratoires. Plusieurs sont en cours de validation dans plusieurs pays, dont en France celui mis au point par l’Institut Pasteur, pour en déterminer la qualité et choisir celui ou ceux qui sera (seront) produits à l’échelle industrielle.
Question de David Darmon :
Avez-vous une opinion sur la polémique concernant l’utilisation de l’enzyme de conversion de l’angiotensin 2 et les bloqueurs de son récepteur sur le risque et l’évolution de la maladie.
Réponse de MG :
Je n’aime pas formuler une opinion lorsque je n’ai pas d’éléments scientifiques pour la défendre. Je dirai simplement que l’idée d’interférer directement avec l’ACE-2 ou son récepteur ne me tente guère : il s’agit en effet d’une enzyme impliquée dans la régulation de la tension artérielle, et il me semble risqué de perturber cette régulation.
MAURICE LÉVY
Maurice Lévy est Président du Conseil de Surveillance de Publicis Groupe, troisième groupe mondial de communication et de transformation des entreprises, fondé en 1926. Nommé en 1984 Président de Publicis Conseil, l’entreprise fondatrice du Groupe, il devient en 1987 Président du Directoire de Publicis Groupe.
Maurice Lévy préside également plusieurs institutions : le Comité français de l’Institut Weizmann des Sciences, le Conseil Pasteur-Weizmann, le Centre Peres pour la Paix, et a cofondé l’Institut Français du Cerveau et de la Moelle Épinière (2005).
PR MICHEL GOLDBERG
Michel Goldberg est biophysicien, diplômé de l’Ecole Polytechnique (promotion 1959). Entré à l’Institut Pasteur en 1962, il y prépare sa thèse sous la direction de Jacques Monod. Dans ce cadre, il fait un stage de deux ans (1964-1966) à l’Université Stanford (Palo Alto – Californie). Il est nommé Professeur à l’Université Paris-7, fonction qu’il occupera jusqu’à 1998.
Michel Goldberg poursuit cependant ses recherches sur la formation de la structure fonctionnelle des protéines à l’Institut Pasteur où il est nommé Chef de Laboratoire en 1972, puis Professeur en 1985. Il a exercé les fonctions de Directeur Scientifique de l’Institut Pasteur de 1976 à 1979, et a été membre de nombreuses instances de cet institut. Il a été chef de l’Unité de Biochimie Cellulaire, puis de l’Unité de Repliement et Modélisation des Protéines de l’Institut Pasteur, fondateur et Directeur du Service Commun INSERM-PASTEUR de cytométrie en flux, et directeur d’une URA du CNRS.
PR AVRAHAM LÉVY
Le professeur Avraham Levy est un généticien. Il a obtenu un BSc et un MSc en agriculture et sélection végétale à l’Université hébraïque de Jérusalem et un doctorat en génétique végétale de l’institut Weizmann des Sciences. Il a mené des recherches postdoctorales à l’Université de Stanford et à l’Institut national de recherche agronomique de Versailles, en France, avant de rejoindre l’Institut Weizmann. Il a été chef du Département des sciences végétales ainsi que président du Conseil des professeurs. Il est actuellement doyen de la Faculté de biochimie.
Dans ses recherches, le professeur Lévy étudie les mécanismes génétiques et épigénétiques responsables de la biodiversité dans le règne végétal. Une meilleure compréhension de ces mécanismes pourrait être utilisée pour améliorer la production alimentaire, pour évaluer l’évolution sous le changement climatique. Le Pr Lévy exploite des techniques avancées de manipulation génétique, telles que l’édition du génome, pour améliorer de manière précise des plantes avec les caractéristiques souhaitées. Avraham Lévy a reçu le prix Landau de Mifal Hapais pour les sciences végétales, le financement de l’ERC pour l’ingénierie ciblée des génomes végétaux. Il a été président de la Genetic Society of Israël. Le professeur Avraham Lévy est titulaire de la chaire professorale Gilbert de Botton des sciences végétales. Il a été élu en janvier 2020 membre associé de l’Académie des Sciences en France (section agriculture)./.